Hostiles

Sortie: 2018

Réalisation: Scott Cooper

Scénario: Scott Cooper

Acteurs(trices): Christian Bale, Rosamund Pike, Wes Studi, Rory Chochrane

Bande Originale: Max Richter

Synopsis selon FFL:

A la fin du XIXème siècle, au sortir des guerres indiennes où se sont exacerbées les haines et les souffrances les plus terribles, le capitaine Joseph Blocker, ancien héros de l’armée américaine, se voit imposer d’escorter, avec un petit détachement, un vieux chef Cheyenne, malade et mourant sur ses anciennes terres tribales.

Durant ce périple où les rencontres se feront toujours plus douloureuses et violentes, le soldat, le vétéran indien et la troupe que les accompagne vont devoir s’épauler pour survivre. Peut être même s’entendre et se comprendre.

L’humble opinion de FFL: le terme « crépusculaire » s’applique bien à l’atmosphère de ce film. Les guerres indiennes sont terminées. L’anéantissement des indiens a eu lieu. Les blessures sont encore là et les haines vivaces. Ce périple du Nouveau Mexique au Montana est la dernière page symbolique qui clôt un livre d’histoire particulièrement violent.

Hostiles est un grand conte cinématographique : un réalisateur (Scott Cooper) talentueux et rigoureux, un souffle épique, d’excellents comédiens, des décors splendides bien servis par la photographie, un soucis de précision et de vérité historiques (voir infos en vrac), et la musique envoûtante de l’immense Max Richter.

Que demander plus ? Chez FFL rien. Vraiment à voir.

Un petit avant-goût ?

L’extrait choisi se déroule au début du film, juste après le départ de l’escorte du fort. Il fait halte au bout de quelques minutes: Joseph Blocker n’a apparemment pas l’intention d’escorter le chef Cheyenne jusqu’au Montana…

Informations en vrac:

Les Commanches

Dans le film, la troupe de Joseph Blocker est harcelée par un petit groupe de guerriers Comanches, errant car refusant de rejoindre la réserve qui leur a été assignée, vivant de rapines, massacrant tous les colons qu’ils rencontrent, hommes, femmes et enfants. Dans le film, le chef Cheyenne traite les Comanches de nation de « crotales ». Les soldats yankees leur vouent une haine farouche.

Chez FFL, nous sommes intrigués : pourquoi cette aversion anti-Comanches même de la part des autres tribus indiennes ? Qu’en a pensé le consultant Comanche du film William Voelker? FFL vous dit tout.

À l’origine, les Comanches composent une petite population nomade des Grandes Plaines, migrant au gré des troupeaux de bisons des Grandes Plaines dont ils tirent leur subsistance.

À la fin du XVIIème siècle, l’introduction du cheval par les colons espagnols va amener les Comanches à développer une très grande expertise dans les chevaux, devenant alors des chasseurs de bisons très efficaces et des cavaliers redoutables.

Leur développement démographique et géographique sera alors rapide et va se heurter violemment aux autres tribus. Leur réputation d’agressivité va alors grandir. Ils seront progressivement appelés « Comanches » terme dérivé de la langue Ute qui peut être traduit par « l’ennemi ».

La raréfaction des bisons surexploités par les chasseurs blancs va amener les Comanches à lancer des raids contre les colons pour survivre, particulièrement à la fin du XIXème. La diminution de leurs ressources, les trahisons, le conflit armé avec l’armée américaine et les maladies vont progressivement avoir raison des Comanches qui seront forcés de s’installer dans des réserves.

Quelques groupes d’irréductibles refuseront de se soumettre. Comme ce petit groupe violent dépeint dans Hostiles. Le consultant Comanche, William Voelker, ne voit rien à redire à cette présentation : « nous n’essayons pas d’enjoliver notre histoire. Ces hommes étaient assoiffés de sang, ils avaient tout perdu et étaient furieux que leur peuple ait été privé de sa liberté. »

Lady Bird

Sortie: 2018

Réalisation: Greta Gerwig

Scénario: Greta Gerwig

Acteurs(trices): Saoirse Ronan, Laurie Metcalf, Beanie Feldstein

Bande Originale: Joan Brion

Synopsis selon FFL: Christine a 17 ans. Elle lutte contre ce qu’elle perçoit comme de la banalité généralisée: sa ville, sa famille,  sa copine « Julie »,  son lycée. Elle rêve d’Université sur la côte Est. Peut être New York ? Mais tout son environnement, et sa mère en particulier l’aspire(nt) vers cette vie trop insipide à son goût. Dans ce contexte, pas évident pour nous spectateurs, d’anticiper  comment la vie va tourner pour Christine.

L’opinion de FFL: pas de poncif adolescent ou de clichés US dans ce film. Pas d’outrance. Pas de caricature.  Tout au contraire, le regard de la réalisatrice Greta Gerwig est intelligent et singulier sans jamais être iconoclaste.

Par petites touches, on assiste avec intérêt à la période charnière de 17 à 18 ans de « Lady Bird » qui détermine progressivement sa propre voie.

Mention spéciale pour le personnage de la mère, qui plus est, magistralement interprété par Laurie Metcalf. A voir donc.

Un petit avant-goût ?

L’extrait choisi est la scène où la mère de Christine apprend que sa fille s’est inscrite à une université de la côte Est (avec la complicité de son père) en cachette, contre son gré.

Informations en Vrac

Greta Gerwig était déjà co-scénariste (de) et comédienne dans l’excellent film « France Ha » de Noah Baumbach (2013).

Lady Bird a été nominé plusieurs fois  et a reçu des prix dans différents raouts cinématographiques américains de 2018 (notamment Oscars et Golden Globes).

Le film est très ancré dans son terroir. Lady Bird et sa famille vivent à Sacramento. Greta Gerwig la réalisatrice est originaire de ?…de ? Sacramento !. L’épigraphe du film est de Joan Didion, écrivaine originaire de… devinez où ?… Sacramento.

Sacramento est une « petite » bourgade (enfin 2.5 millions d’habitants quand même avec sa banlieue) située au nord de la Californie, dans les terres, à l’est de San Francisco.

Un magazine US remarquait (à raison) que « In Lady Bird, Gerwig treats Sacramento with tenderness, as if it were a breathing character itself ». Gerwig elle-même ajoutait « “I adore Sacramento, and I couldn’t be more thrilled that I was able to photograph my beautiful city in Lady Bird,

Une des images de la ville que l’on retiendra est le fameux Tower Bridge de Sacramento, pont mythique de Californie. C’est d’ailleurs devant lui que Christine et son ami Julie se réconcilient (photo ci-contre).

Jusqu’à la garde

Sortie : 2018

Réalisateur : Xavier Legrand

Scénario : Xavier Legrand

Acteurs: Léa Drucker, Denis Ménochet, Thomas Gioria

Bande Originale: –

Synopsis

Un couple est en procédure de divorce. Accusant son mari de violences, Elle demande la séparation totale et la garde exclusive de son fils qui ne veut plus voir son père non plus. Mais le juge octroie une garde partagée au père qui va pouvoir se ré-immiscer dans leur vie.

L’opinion de FFL

Jusqu’à la garde est un film diabolique, un thriller dont on sort épuisé à l’issue d’un développement dramatique tendu à l’extrême. Denis Ménochet (souvenez-vous, notre cher Monsieur LaPadite !) apporte une vraie densité à son  personnage. Léa Drucker est comme à son habitude impeccable.
On peut peut être regretter que le crescendo très maîtrisé pendant tout le film s’accélère un peu rapidement sur la fin. Une fête d’anniversaire plus courte aurait peut être permis de ménager une scène intermédiaire et préparatoire à la scène finale.
Le thème central du film ne nous semble pas être (« seulement ») le divorce, la garde des enfants ou les violences conjugales, non ce qui nous semble être démontré ici est le mécanisme par lequel un homme, peut être un peu frustre, tente de récupérer celle qu’il croit aimer, et ce par tous les moyens, même les plus brutaux, en piétinant ses plus proches si nécessaire.
A voir donc.

Un petit avant-goût ?

Chez FFL, on a bien regardé: difficile de retenir une scène du film sans déflorer le sujet ni le développement dramatique. Donc pas d’extrait ci-dessous. Désolé.

L’échange des Princesses

Sortie: 2017

Réalisation: Marc Dugain

Scénario: Marc Dugain, Chantal Thomas

Acteurs(trices): Lambert Wilson, Olivier Gourmet, Igor Van Dessel, Anamaria Vartolomei, Juliane Lepoureau, Catherine Mouchet

Bande Originale: Marc Tomasi

Louis XV, 11 ans est sur le point de devenir Roi de France. En 1721, le Régent, Philippe d’Orléans, veut consolider la paix entre la France et l’Espagne après des années de guerre qui ont laissé les deux royaumes exsangues. Il fait en sorte que Louis épouse l’Infante d’Espagne, 4 ans, et en échange, marie sa fille, Mlle de Montpensier 12 ans, à l’héritier du trône d’Espagne. Ces mariages ne se dérouleront cependant pas comme prévu.

Anamaria Vartolomei

Un film intéressant reposant sur un épisode singulier et intriguant de l’histoire de France, où l’on prend vraiment conscience que les principaux protagonistes ne sont que des enfants.

La scène de l’échange proprement dit, presque chorégraphiée, est fascinante.

On a admiré la qualité de la photo et l’élégance des costumes.

Seule faiblesse peut être est la direction d’acteurs dans laquelle on ressent un certain manque de rigueur général malgré la présence de comédiens de premier plan (dont le prometteur Kacey Mottet-Klein).

Un film riche et soigné néanmoins que FFL classe évidemment dans les « A Voir ».

L'Infante qui ressemble à une jeune fille ici
n'a en réalité que 5 ans...

Un petit avant-goût ?

L’extrait choisi est la somptueuse scène de la signature des contrats de mariage à la Cour d’Espagne

Informations En Vrac

La photographie est splendide, rappelant des œuvres picturales de différentes époques où la lumière tient un rôle majeur: lumière naturelle venant de côté, lumière artificielle du flambeau ou de la bougie. Certains plans évoquent confusément dans notre esprit des tableaux ou des scènes de peinture que l’on a déjà pu admirer. Un beau travail qui peut aussi rappeler celui de Barry Lyndon par certains aspects.
Le Directeur de la photographie est Gilles Porte. Les « Note Book » stylisés qu’il affiche sur son site (pour le voir cliquez ici) méritent le détour et l’on se prend à regretter qu’il n’ait pas affiché l’intégralité de ses notes de préparation.

J’enrage de son absence

Sortie : 2012

Réalisatrice : Sandrine Bonnaire

Scénario : S. Bonnaire, Jérôme Tonnerre

Acteurs: William Hurt, Alexandra Lamy, Jalil Mehenni, Augustin Legrand.

Bande Originale: André Dziezuk

Il y a dix ans, un couple a perdu son petit garçon âgé de quatre ans dans un accident de voiture. Incapable de survivre à ce traumatisme, le couple s’est alors séparé. Franco-Américain, lui est parti vivre de l’autre côté de l’Atlantique.
Elle est restée en France, a refait sa vie, s’est remariée, et a eu un autre fils, Paul.
Quand il revient en France pour enterrer son père et le temps de régler sa succession, il la retrouve et l’observe; il guette surtout le petit Paul qui le fascine. Peut-être retrouve-t-il en ce dernier le fils dont il croît être responsable de la mort (il était au volant lors de l’accident). Et, prolongeant sans raison apparente son séjour, il commence à nouer avec Paul une relation étroite…

J’enrage de son absence est un film que l’on a trouvé délicieusement mélancolique et émouvant. Quatre acteurs de grande qualité: William Hurt (mais il ne vieillit donc pas ?) impose une présence écrasante, Alexandra Lamy ( la bonne moitié de « Un Gars Une Fille »), Augustin Legrand et Jalil Mehenni tous trois très convaincants.
Et puis bien sûr sa réalisatrice, Sandrine Bonnaire, qui fait montre d’une grande maîtrise dans la direction d’acteurs.
Beaucoup de symbolique bien amenée et de belles idées (la cave notamment).

La scène retenue (ci-contre) est le tout début du film. En voix off on entend William Hurt réciter une comptine à un petit garçon que l’on devine être son fils de quatre ans. Pas d’image donc, juste les voix off d’un père et de son fils qui s’aiment et qui bouleversent.

Informations en Vrac

Le co-scénariste du film, Jérôme Tonnerre, fut le scénariste de Claude Sautet (une référence !) pour Un Coeur en Hiver. Et chez FFL, on vénère ce film dont on fera un article bientôt.

Chez FFL, on n’est pas très people.
Mais dans le cas présent, il est intéressant de noter que William Hurt (le personnage principal) est à la ville « l’ex » de Sandrine Bonnaire (la réalisatrice). Et l’omniprésence de William Hurt à l’écran, filmé de près, de très près même par la réalisatrice, est… comment dire… troublant.
Pour un « ex » j’entends.
Je suis certain que vous voyez où je veux en venir.

Le père du petit Paul est interprété par Augustin Legrand. Pendant tout le film, je me suis interrogé: « je le connais, mais où l’ai je vu ? Dans quel film? ». Réponse: oui je l’ai vu. Mais non, pas dans un film. C’est le co-fondateur de l’association « Les Enfants de Don Quichotte », très engagée pour le protection des mal logés. Homme engagé, plutôt à gauche, surtout écologiste.
Il a un visage et une silhouette « Giacommettienne » qu’on n’oublie pas. Certain qu’on le reverra à l’écran plus souvent, tôt ou tard.