Dans La Cour

Sortie: avril 2014

Réalisation: Pierre Salvadori

Scénario: Pierre Salvadori, David Léotard

Acteurs(trices): Catherine Deneuve, Gustave Kervern, Féodor Atkine

Bande Originale: Grégoire Hetzel, Stéphin Merritt

Synopsis selon FFL:

Antoine est un musicien dépressif qui abandonne brusquement sa carrière pour devenir gardien d’immeuble. Dans cet immeuble où les rencontres sont nombreuses, il rencontre Mathilde qui développe une peur phobique des fissures dans les murs. Ils vont tous les deux se trouver pour former un tandem maladroit et drôle et tenter d’apaiser leurs angoisses.

L’humble opinion de FFL:

Il s’agit d’un film délicieux. Une comédie mélancolique avec deux personnages d’une grande fragilité, comiques et pathétiques. Le film mise moins sur la forme que sur un rythme placide et doux. Catherine Deneuve est à son habitude magistrale.  Gustave Kervern est omniprésent; il est ici l’absent le plus présent qui soit.

Un petit avant-goût ?

Le court extrait choisi permet de donner un éclairage sur la poésie du film. Mathilde et Antoine se relaient pour faire la lecture à un occupant aveugle de  l’immeuble. A l’occasion d’une séance de lecture, Antoine dévoile beaucoup de lui en filigrane des vers d’un poème.

Informations en vrac:

Le poème récité par Antoine (« Dormir ») est de Raymond Carver, un écrivain américain dont l’itinéraire interpelle. Provenant d’un milieu ouvrier, fils d’un père alcoolique, père lui même à l’âge de 19 ans, Raymond Carver parvient pourtant à déployer un activité littéraire riche tout en exerçant des petits boulots et en poursuivant ses études à l’université. Une vie d’effort et de littérature qui ne laissera pas de répit à Carver. Il s’éteint brutalement deux mois seulement après son remariage avec la poètesse Tess Gallagher. Vraiment aucun répit.

Le film Short Cuts de Robert Altman s’inspire de plusieurs nouvelles de Carver.

« Dormir » (« Sleeping ») est tiré du recueil de poèmes La Vitesse foudroyante du passé (1986).

Quelques Heures de Printemps

Sortie: 2012

Réalisation: Stéphane Brizé

Scénario: Stéphane Brizé / Florence Vignon

Acteurs(trices): Vincent Lindon, Hélène Vincent, Emmanuel Seigner, Olivier Perrier

Bande Originale: Nick Cave / Warren Ellis

Synopsis selon FFL: à presque 50 ans, Alain Evrard est contraint de retourner vivre chez sa mère.  Cette cohabitation forcée fait ressurgir la violence de leur relation passée jusqu’à ce qu’il découvre que sa mère est très malade. Elle, se sait condamnée. L’incommunicabilité existant entre cette mère et ce fils va-t-elle durer alors que la mort s’approche ?

L’humble opinion de FFL: chez FFL, il y a de grands fans de Stéphane Brizé, de Vincent Lindon, d’Hélène Vincent et même d’Olivier Perrier. Alors les quatre ensemble…vous imaginez… Ils sont ici – comme souvent – impeccables.

Le film traite de l’incommunicabilité entre les êtres. Elle domine avec rigueur toute la première moitié du film et se fissure ensuite progressivement dans les couloirs des hôpitaux et les chemins alternatifs choisis en Suisse. L’événement qui la fera voler en éclat a lieu à la toute fin du film. Et cette scène magistrale remue très fort.

A voir donc.

Un petit avant-goût ?

Comme à son habitude, FFL a écarté les scènes les plus fortes pour ne pas déflorer le sujet mais l’extrait choisi apporte un éclairage très intéressant sur l’incommunicabilité. Très bien écrite, la scène « médicale » visée par l’extrait ci-dessous veut bien dire ce qu’elle veut dire mais sans vraiment dire les mots…

Informations en vrac:

Le film aborde le suicide assisté qui est autorisé en Suisse. Le nombre de suicides assistés y est d’ailleurs en hausse constante (86 personnes en 2000, 320 en 2009 et… 965 en 2015).  Il sont encadrés par des textes et réalisés par des associations spécialisées. Les interventions visent surtout les personnes âgées (plus de 75 ans)  le plus souvent atteintes de maladie.

Plusieurs produits peuvent être utilisés dont le Pentobarbital, un barbiturique utilisé pour les anesthésies. Il passe dans l’estomac puis le foie. A haute dose, il entraîne le coma puis la mort en raison de l’accumulation du produit dans le cerveau.

C’est probablement celui qui est utilisé dans le film puisqu’il est pris par voie orale suivi d’un profond « endormissement ».

La réalisateur de Quelques Heures de Printemps est Stéphane Brizé (photo ci-contre) qui a une filmographie riche et toujours passionnante.

Il aborde des thèmes de vie douloureux; thèmes qui souvent s’entremêlent dans les films: l’action syndicale pour faire bouger les lignes (« En guerre »), le désarroi face au monde économique moderne (« La Loi du marché »), le poids des convenances (« Une vie ») ou du déracinement (« Mademoiselle Chambon »)…

Bref un favori de FFL.

Garde A Vue

Sortie: 1981

Réalisation: Claude Miller

Scénario: Claude Miller, Jean Herman et Michel Audiard

Acteurs(trices): Lino Ventura, Michel Serrault, Romy Schneider, Guy Marchand

Bande Originale: George Delerue

Synopsis selon FFL: 

C’est la nuit du 31 décembre que choisit le Commissaire pour convoquer Jérôme Martinaud, notaire et notable de la ville, afin de recueillir son témoignage sur le viol et l’assassinat de deux petites filles. Persuadé de sa culpabilité, le commissaire le met en garde à vue.

Comment parvenir à obtenir ses aveux ? Jérôme Martinaud est il l’assassin ? La garde à vue va s’avérer autant complexe que dramatique.

L’humble opinion de FFL: Ce film est un bijou. Un diamant du cinéma français et disons-le du cinéma tout court. Chez FFL, on connait les répliques du film par cœur.

Le cinéma est ici réduit à son expression essentielle: le scénario habile d’un film policier, une trame assise sur la complexité de la personnalité humaine, des dialogues ciselés et surtout l’interaction de comédiens au charisme et au talent immenses.

Un film très noir mais un peu à la manière d’une peinture de Soulages. Tout en facettes. Un film vraiment à voir.

Un petit avant-goût ?

Difficile de choisir une scène, tant elles sont toutes magnifiques. Nous avons choisi l’extrait où Jérôme Martinaud décrit les relations intimes, ou plutôt l’absence d’intimité qu’il subit dans les relations avec sa femme.

Informations en vrac:

Lino Ventura est un acteur de film dramatique qui peut exceller dans les comédies (tout le monde se souvient des Tontons Flingueurs  ou de L’Emmerdeur). A l’inverse, Michel Serrault est un acteur de comédie qui excelle dans les films dramatiques. Il y acquiert une certaine épaisseur, souvent avec une subtile dose d’ambiguité. Et c’est bien ce qui ce passe dans Garde A Vue, la composition de Martinaud est protéiforme; il est tout à la fois arrogant, pathétique, colérique, attachant, triste, matois, intelligent…

Chez FFL, une revue critique du film a particulièrement attiré notre attention sur le web. Et nous rendons à César ce qui lui appartient en cliquant ici.

Jusqu’à la garde

Sortie : 2018

Réalisateur : Xavier Legrand

Scénario : Xavier Legrand

Acteurs: Léa Drucker, Denis Ménochet, Thomas Gioria

Bande Originale: –

Synopsis

Un couple est en procédure de divorce. Accusant son mari de violences, Elle demande la séparation totale et la garde exclusive de son fils qui ne veut plus voir son père non plus. Mais le juge octroie une garde partagée au père qui va pouvoir se ré-immiscer dans leur vie.

L’opinion de FFL

Jusqu’à la garde est un film diabolique, un thriller dont on sort épuisé à l’issue d’un développement dramatique tendu à l’extrême. Denis Ménochet (souvenez-vous, notre cher Monsieur LaPadite !) apporte une vraie densité à son  personnage. Léa Drucker est comme à son habitude impeccable.
On peut peut être regretter que le crescendo très maîtrisé pendant tout le film s’accélère un peu rapidement sur la fin. Une fête d’anniversaire plus courte aurait peut être permis de ménager une scène intermédiaire et préparatoire à la scène finale.
Le thème central du film ne nous semble pas être (« seulement ») le divorce, la garde des enfants ou les violences conjugales, non ce qui nous semble être démontré ici est le mécanisme par lequel un homme, peut être un peu frustre, tente de récupérer celle qu’il croit aimer, et ce par tous les moyens, même les plus brutaux, en piétinant ses plus proches si nécessaire.
A voir donc.

Un petit avant-goût ?

Chez FFL, on a bien regardé: difficile de retenir une scène du film sans déflorer le sujet ni le développement dramatique. Donc pas d’extrait ci-dessous. Désolé.

L’échange des Princesses

Sortie: 2017

Réalisation: Marc Dugain

Scénario: Marc Dugain, Chantal Thomas

Acteurs(trices): Lambert Wilson, Olivier Gourmet, Igor Van Dessel, Anamaria Vartolomei, Juliane Lepoureau, Catherine Mouchet

Bande Originale: Marc Tomasi

Louis XV, 11 ans est sur le point de devenir Roi de France. En 1721, le Régent, Philippe d’Orléans, veut consolider la paix entre la France et l’Espagne après des années de guerre qui ont laissé les deux royaumes exsangues. Il fait en sorte que Louis épouse l’Infante d’Espagne, 4 ans, et en échange, marie sa fille, Mlle de Montpensier 12 ans, à l’héritier du trône d’Espagne. Ces mariages ne se dérouleront cependant pas comme prévu.

Anamaria Vartolomei

Un film intéressant reposant sur un épisode singulier et intriguant de l’histoire de France, où l’on prend vraiment conscience que les principaux protagonistes ne sont que des enfants.

La scène de l’échange proprement dit, presque chorégraphiée, est fascinante.

On a admiré la qualité de la photo et l’élégance des costumes.

Seule faiblesse peut être est la direction d’acteurs dans laquelle on ressent un certain manque de rigueur général malgré la présence de comédiens de premier plan (dont le prometteur Kacey Mottet-Klein).

Un film riche et soigné néanmoins que FFL classe évidemment dans les « A Voir ».

L'Infante qui ressemble à une jeune fille ici
n'a en réalité que 5 ans...

Un petit avant-goût ?

L’extrait choisi est la somptueuse scène de la signature des contrats de mariage à la Cour d’Espagne

Informations En Vrac

La photographie est splendide, rappelant des œuvres picturales de différentes époques où la lumière tient un rôle majeur: lumière naturelle venant de côté, lumière artificielle du flambeau ou de la bougie. Certains plans évoquent confusément dans notre esprit des tableaux ou des scènes de peinture que l’on a déjà pu admirer. Un beau travail qui peut aussi rappeler celui de Barry Lyndon par certains aspects.
Le Directeur de la photographie est Gilles Porte. Les « Note Book » stylisés qu’il affiche sur son site (pour le voir cliquez ici) méritent le détour et l’on se prend à regretter qu’il n’ait pas affiché l’intégralité de ses notes de préparation.

J’enrage de son absence

Sortie : 2012

Réalisatrice : Sandrine Bonnaire

Scénario : S. Bonnaire, Jérôme Tonnerre

Acteurs: William Hurt, Alexandra Lamy, Jalil Mehenni, Augustin Legrand.

Bande Originale: André Dziezuk

Il y a dix ans, un couple a perdu son petit garçon âgé de quatre ans dans un accident de voiture. Incapable de survivre à ce traumatisme, le couple s’est alors séparé. Franco-Américain, lui est parti vivre de l’autre côté de l’Atlantique.
Elle est restée en France, a refait sa vie, s’est remariée, et a eu un autre fils, Paul.
Quand il revient en France pour enterrer son père et le temps de régler sa succession, il la retrouve et l’observe; il guette surtout le petit Paul qui le fascine. Peut-être retrouve-t-il en ce dernier le fils dont il croît être responsable de la mort (il était au volant lors de l’accident). Et, prolongeant sans raison apparente son séjour, il commence à nouer avec Paul une relation étroite…

J’enrage de son absence est un film que l’on a trouvé délicieusement mélancolique et émouvant. Quatre acteurs de grande qualité: William Hurt (mais il ne vieillit donc pas ?) impose une présence écrasante, Alexandra Lamy ( la bonne moitié de « Un Gars Une Fille »), Augustin Legrand et Jalil Mehenni tous trois très convaincants.
Et puis bien sûr sa réalisatrice, Sandrine Bonnaire, qui fait montre d’une grande maîtrise dans la direction d’acteurs.
Beaucoup de symbolique bien amenée et de belles idées (la cave notamment).

La scène retenue (ci-contre) est le tout début du film. En voix off on entend William Hurt réciter une comptine à un petit garçon que l’on devine être son fils de quatre ans. Pas d’image donc, juste les voix off d’un père et de son fils qui s’aiment et qui bouleversent.

Informations en Vrac

Le co-scénariste du film, Jérôme Tonnerre, fut le scénariste de Claude Sautet (une référence !) pour Un Coeur en Hiver. Et chez FFL, on vénère ce film dont on fera un article bientôt.

Chez FFL, on n’est pas très people.
Mais dans le cas présent, il est intéressant de noter que William Hurt (le personnage principal) est à la ville « l’ex » de Sandrine Bonnaire (la réalisatrice). Et l’omniprésence de William Hurt à l’écran, filmé de près, de très près même par la réalisatrice, est… comment dire… troublant.
Pour un « ex » j’entends.
Je suis certain que vous voyez où je veux en venir.

Le père du petit Paul est interprété par Augustin Legrand. Pendant tout le film, je me suis interrogé: « je le connais, mais où l’ai je vu ? Dans quel film? ». Réponse: oui je l’ai vu. Mais non, pas dans un film. C’est le co-fondateur de l’association « Les Enfants de Don Quichotte », très engagée pour le protection des mal logés. Homme engagé, plutôt à gauche, surtout écologiste.
Il a un visage et une silhouette « Giacommettienne » qu’on n’oublie pas. Certain qu’on le reverra à l’écran plus souvent, tôt ou tard.