Cold War

Sortie: octobre 2018

Réalisation: Pawel Pawlikowski

Scénario: Janusz Glowacki, Piotr Borkowski, Pawel Pawlikowski

Acteurs(trices): Joanna Kulig, Tomasz Kot, Borys Szyc, Agata Kulesza; Cedric Kahn et Jeanne Balibar font également des apparitions.

Bande Originale: –

Synopsis selon FFL:

Dans les années 50, de la Pologne sous obédience stalinienne au Paris de Saint-Germain des Prés, un musicien et une chanteuse éprouvent l’un pour l’autre un amour absolu sans parvenir pourtant à vivre ensemble.

L’humble opinion de FFL:

Ce film de Pawel Pawlikowski (réalisateur de Ida en 2014) est de toute beauté, en particulier sur sa forme. L’image noire et blanc est somptueuse, donnant une chaleureuse impression de photographie argentique. Servie par des lieux de tournage tous sélectionnés avec soin pour illustrer le propos de chaque scène.  La mise en scène fourmille d’approches originales. Enfin, les deux comédiens principaux Joanna Kulig et (le presque mutique) Tomasz Kot sont formidables.

La première partie du film qui porte sur l’emprise croissante du pouvoir stalinien sur la Pologne culturelle et du culte de la personnalité est passionnante.

Bref un film à voir.

Un petit avant-goût ?

Très court extrait: au sortir de la seconde guerre mondiale, deux musiciens ont arpenté la Pologne pour collecter tous les chants populaires nationaux et en faire un spectacle. Spectacle qui rencontre un vif succès. Mais déjà les autorités polonaises « souhaitent » y ajouter une connotation plus… politique.

Informations en vrac:

La culture en Pologne a fait l’objet d’un traitement particulier par Staline comme le symbolise son « cadeau » au pays : le Palais de la culture (voir photo). Il rappelle, par son imposante présence, que les soviétiques sont bien là.

A partir de 1945 « S’installe peu à peu en Pologne une dictature basée sur le modèle soviétique, et qu’on retrouve dans toutes les démocraties populaires. […]

De cette omniprésence du russe découle également l’arrivée du réalisme socialiste, courant littéraire et artistique soviétique qui condamne les recherches formelles ainsi que l’attitude critique de l’écrivain ou de l’artiste à l’égard de la société. »

Avec le réalisme socialiste, il s’agit de glorifier le travailleur et le héros soviétique. Le réalisme socialiste en Pologne se traduit principalement par des œuvres à la gloire du peuple et de la classe ouvrière.

Le réalisme socialiste est officiellement reconnu comme seule méthode légitime en art durant l’année 1949. Des institutions sont créées afin de surveiller la production artistique […]. Pour les artistes polonais, c’est une période sombre ; la plupart des artistes doivent choisir entre le silence et le réalisme socialiste. »

Pour plus d’informations (dont est tirée une partie des paragraphes ci-dessus), voir le très intéressant document : « Révoltes polonaises, résistances culturelles. De la période des partages à la chute du communisme » de Julie Boisard.

Ci-contre le Palais de la Culture à Varsovie

Le Lemko kesako ?

Dans le film, un personnage écoute un chant traditionnel et interroge: ce n’est pas du polonais, « ce n’est pas de chez nous », quelle est cette langue ? C’est du Lemko lui répond-t-on.

Les Lemkos constituent une petite minorité d’origine ukraino-polonaise parlant un dialecte propre. En 1947, ils ont été massivement déportés de leur région d’origine dans le sud-est (proche de l’Ukraine) vers le nord dans le cadre de l’Opération dite « Vistule ». Générant pour eux un vrai traumatisme.

En 1990, le Sénat Polonais a condamné l’Opération Vistule. Et le président du pays a officiellement exprimé les regrets de la nation en 2002.

Et Chopin dans tout ça ?

On sait que Chopin (dont la mère était polonaise) est presque un emblème national polonais. Glorifié pendant l’entre-deux-guerre, il est interdit par Hitler pendant l’occupation nazie.

Mais assez curieusement, après guerre, le compositeur devient aussi le héro de la propagande communiste car il s’est inspiré de la musique folkorique du pays.

The Guilty

Sortie: juillet 2018

Réalisation: Gustav Möller

Scénario: Emil Nygaard Albertsen

Acteurs(trices): Jakob Cedergren, Jesica Dinnage (en doublage voix), Johan Olsen (en doublage voix)

Bande Originale: –

Synopsis selon FFL:

Au numéro d’urgence de la police « 112 », l’agent Asger Holm reçoit l’appel d’une femme alors qu’elle est victime d’un enlèvement. Flic doué mais à la personnalité complexe et torturée, il va mobiliser toutes ses ressources pour la retrouver…

L’humble opinion de FFL:

The Guilty est un huis clos qui se déroule au téléphone. Le principal protagoniste doit résoudre une situation compliquée, presque insoluble, par téléphone, à l’aveugle. Un procédé qui rappelle des films intéressants comme le formidable Locke de Steven Knight avec Tom Hardy.

The Guilty soutient un rythme diabolique alternant une forte tension dramatique et des moments d’interruption durant lesquels on découvre petit à petit la personnalité torturée du policier. Un thriller nordique, servi par un excellent scénario et une réalisation aussi efficace qu’épurée (il n’y a pratiquement pas de musique mais la bande son est très travaillée).

Alors chez FFL, on dit « virkelig at se » (« vraiment à voir » en danois).

Un petit avant-goût ?

Pour extrait, nous avons choisi la scène de l’appel reçu par les urgences de la police. Surprenant au départ, la conversation prend un tour dramatique. Et ce n’est que le début.

Dogman

Sortie: juillet 2018 (interdit moins de 12 ans)

Réalisation: Matteo Garrone

Scénario: Ugo Chiti, Massimo Gaudioso, Matteo Garrone

Acteurs(trices): Marcello Fonte, Edoardo Pesce

Bande Originale: –

Synopsis selon FFL:

Dans une ville à l’abandon, Marcello est un toiletteur pour chiens discret et apprécié de tous. Son ami Simoncino est un ancien boxeur accro à la cocaïne qui, très vite, rackette et brutalise le quartier. D’abord confiant, Marcello se laisse entraîner malgré lui dans une spirale criminelle. Lorsqu’il sera trahi et abandonné par son « ami » Simoncino, il décidera alors de se venger.

L’humble opinion de FFL: les films de Matteo Garrone sont intelligents, noirs et singuliers. En s’inspirant ici d’un fait divers particulièrement sordide, il ne déroge pas à la règle. Le film est visuellement fascinant servi par une mise en scène rigoureuse, une lumière et des couleurs particulièrement travaillées.

Les deux comédiens principaux portent le film en donnant une très grande intensité à leur personnage. Marcello Fonte qui est ici vraiment exceptionnel, tout en douceur meurtrie, est la grande trouvaille du film.

Le film est immédiatement classé en « à voir ». S’il avait pu se détacher un peu plus du bitume, du fait divers, il aurait pu être porté en « vraiment à voir ».

Un petit avant-goût ?

L’extrait sélectionné ici est une scène secondaire du film mais en la présentant, cela permet de donner un aperçu des idées, de son « visuel », des choix singuliers opérés par le réalisateur. Pour faire taire le chien de la maison,  des cambrioleurs ont mis l’animal dans le congélateur. Marcello revient alors sur les lieux pour le sauver. On frôle ici le surréalisme.

Informations en vrac:

L’action du film Dogman (comme celui de Gomorra du même réalisateur) se déroule dans un endroit aussi surprenant que désolant appelé « Casel Volturno ».

Il s’agit d’une ancienne station balnéaire située près de Naples.

Abandonnée, une grande partie de la cité est dans un état de délabrement avancé, les rues sont défoncées, les immeubles insalubres, les ordures ne sont plus ramassées, la plupart des services publics ont fermé.

A l’origine, la présence tentaculaire d’un puissant clan de la mafia italienne Camorra a progressivement ruiné la ville. Le phénomène s’est accéléré avec l’arrivée de la mafia nigériane qui a investi une partie de la station balnéaire et de l’afflux de clandestins attirés par le travail au noir.

La drogue et la prostitution règnent en maître dans certains quartiers.

La ville compte 25 000 habitants dont environ 15 000 migrants.

Once

Sortie: 2007

Réalisation: John Carney

Scénario:  John Carney

Acteurs(trices): Glen Hansard, Marketa Irglova

Bande Originale: Glen Hansard, Marketa Irglova (évidemment !)

Synopsis selon FFL:

A Dublin, deux amateurs de musique se rencontrent. Lui est compositeur interprète, elle musicienne. Ensemble ils vont assouvir leur rêve de musique. Leur relation pourra-t-elle aller au delà de ce rêve commun ?

L’humble opinion de FFL:

Certains grincheux verront dans ce film trop de simplicité voire de superficialité. C’est pourtant le parti pris du film qui reste tout en pudeur : des vies simples, des émotions simples, des relations simples (à l’image de la rencontre du couple qui est déclenchée par la réparation d’un aspirateur Hoover). Dublin n’est pas Hollywood. Être chanteur de rue, ce n’est pas vivre comme Bon Jovi. La rencontre de deux personnes que tout rapproche n’aboutit pas nécessairement à un couple.

La profondeur est en revanche  partout où la caméra capte la musique, les regards, les sourires. La richesse du film est là. A voir donc.

Un petit avant-goût ?

L’extrait choisi celui où le couple parvient à réunir des musiciens pour enregistrer en studio. Ils ne connaissent rien aux studios d’enregistrement mais vont se révéler…

Informations en vrac:

Le film a été réalisé un peu dans l’urgence, sans moyen, à la suite du départ de l’acteur principal (Môsieur Cilian Murphy qui doit probablement préférer de plus gros budgets) et du producteur du film.

D’où un tournage un peu artisanal, sans permis, avec caméra à l’épaule. Et c’est probablement ce qui donne de la fraîcheur au film.

Once a remporté le prix du public au Festival du Film de Sundance en 2007.

Le réalisateur, John Carney est lui même irlandais, musicien et ancien membre d’un groupe de pop. Il a également réalisé un film intéressant,  New York Melody avec le grand Mark Ruffalo, toujours autour de la musique.